Notre Génération Égalité : Action féministe pour la justice climatique

 


Le Forum Génération Égalité (FGE) approche à grands pas. Alors pour tenter de mobiliser un maximum de personnes autour de cet événement féministe, le gouvernement a lancé une série d’échanges en ligne, menés par Delphine O, Ambassadrice et Secrétaire générale du FGE. Jusqu’en mars 2021, le Secrétariat général du FGE organisera donc une série de plusieurs événements thématiques dédiés aux six coalitions d’action du Forum. Le 25 janvier dernier, les discussions s’articulaient autour d’une thématique essentielle « Action féministe pour la justice climatique ».

Quels sont les conséquences du réchauffement climatique pour l’égalité femmes-hommes ? Comment les femmes peuvent-elles devenir les actrices de la lutte contre le changement climatique ? Ce sont les questions posées par la Coalition d’action 4 du FGE « l’action des femmes en faveur de la justice climatique » et auxquelles ont tenté de répondre les différent·es intervenant·es lors de cet événement virtuel.

« Les femmes sont les premières victimes du réchauffement climatique mais également les premières actrices pour faire face à ce ce défi », intervient Delphine O, en introduction. 

« Quels sont les liens entre le genre et le climat ? » s’interroge Ouafae Sananès, experte Genre à l’Agence française de Développement. « Le dérèglement climatique engendre une double inégalité envers les femmes qui, compte tenu de leur rôle dans la production et l’accès aux ressources, en sont à la fois actrices et victimes. Les femmes sont les premières investies dans l’agriculture mondiale, ce sont elles, en grande majorité, qui assurent la sécurité alimentaire de la population. Les dérèglements climatiques – les sécheresses, la désertification, les inondations répétées – les impactent donc directement et violemment. Si elles sont agricultrices ou employées dans le secteur agricole, elles n’ont cependant pas accès à la propriété. Elles nourrissent le monde mais la propriété foncière leur est refusée », détaille Ouafae Sananès.

Les liens évidents entre genre et climat n’ont pourtant pas toujours été visibles. Dans de nombreux pays, les deux enjeux sont encore trop souvent dissociés. Le Costa Rica, lui, au contraire, estime que le genre et le climat ne vont pas l’un sans l’autre. « Nous souhaitons rendre visible les connexions entre genre et climat. L’égalité femmes-hommes et l’émancipation des filles  sont des conditions préalables au développement durable », commente Sonia Marta Mort Escalante, ambassadrice du Costa Rica en France.

Des partenariats multiacteurs/actrices

L’une des particularités du FGE est de rassembler des actrices et acteurs qui n’ont pas l’habitude de collaborer ensemble. Les entreprises privées sont par exemple invitées aux événements et participent aux discussions des différentes Coalitions d’action. Lors de cet échange, Jonathan Maher, directeur adjoint des relations institutionnelles de L’Oréal, a partagé la vision et les expériences de l’entreprise concernant les liens entre genre et climat. « L’Oréal s’est associée avec plusieurs acteurs, comme l’organisation C40 Cities qui réunit des maires de plusieurs villes mondiales engagées pour lutter contre le réchauffement climatique, afin d’inclure les femmes dans la gouvernance urbaine, ou encore avec Rainforest Alliance contre la déforestation. Nous souhaitons inclure les femmes lors de l’achat des matières premières en vue de leur autonomisation », détaille-t-il, avant de poursuivre « les conditions de vie des femmes sont intrinsèquement liées aux enjeux environnementaux. Les matières premières végétales que nous utilisons pour fabriquer nos produits sont issues d’activités agricoles. Et la récolte des matières premières repose, en grande majorité, sur le travail des femmes ». Jonathan Maher a pris l’exemple du beurre de karaté, issu du commerce équitable au Burkina Faso. « Nous nous assurons d’un approvisionnement responsable pour l’environnement, mais également nous nous assurons que les femmes font partie des négociations sur cet approvisionnement ».

Pour associer justice climatique et égalité de genre, il est essentiel de former et d’informer les premières concernées par le réchauffement climatique. « Les femmes sont, pour la plupart, analphabètes et n’ont pas accès aux informations concernant les dérèglements climatiques. Elles ne sont pas au courant, ni de leurs droits, ni des enjeux », rappelle Oureratou Ouedraogo, coordinatrice de l’Alliance Panafricaine pour la Justice climatique au Burkina Faso. « Nous souhaitons donc renforcer les capacités des femmes pour connaître leurs droits, créer un mouvement pour la justice climatique et leur permettre de participer aux instances de décision », ajoute-t-elle. De son côté, « l’IUCN travaille à des stratégies participatives. Les femmes sont encouragées à créer des coopératives locales pour s’assurer qu’elles ont un droit d’accès aux ressources, notamment les plantes médicinales dans les zones arides », explique Laila Annouri, responsable du programme genre au bureau de l’International Union for Conservation of Nature (IUCN) pour l’Asie occidentale.

Le prochain événement se tiendra, en ligne, le 8 février, avec comme thème « Technologies et innovations pour l’égalité entre les femmes et les hommes ».

Chloé Cohen 50-50 Magazine