Résumé de Noura Raad de l'événement du vendredi 24 novembre à Copenhague qui a été organisé par le Réseau et "women refugee" et où Noura Raad est intervenue sur le thème "portait sur le contexte socio-culturel des violences faites aux femmes" et "la convention d'Istanbul".

Voici aussi quelques photos de cet événement. 












VENDREDI 24 NOVEMBRE 2017 : ÉVÉNEMENT COORGANISÉ ENTRE EUROPEAN NETWORK OF MIGRANT WOMEN & WOMEN REFUGEE ROUTE – COPENHAGUE

L’événement a commencé par un dîner collectif et solidaire entre participantes et personnes présentes.
Ensuite, Mina Jaf, vice-présidente du ENoMW et fondatrice de Women Refugee Route, a introduit cette rencontre-conférence. Elle a remercié toutes les personnes présentes et a présenté l’intérêt de cette rencontre.
Anna Zobnina, coordinatrice de la politique et de la stratégie du ENoMW, a présenté le réseau, ses objectifs et travaux et l’importance du présence du réseau à Copenhague et de la conférence. Elle a animé les deux ateliers.
Le premier atelier était composé des intervenantes suivantes : Salome Mbugua, Noura Raad et Layla Saidy.
Salome, présidente du ENoMW et fondatrice de AkiDwA, a expliqué et a introduit la Convention d’Istanbul, son importance dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes et elle présenté les deux volets de cette Convention : 1- la prévention des violences fondées sur le genre et commises sur les filles et les femmes 2- la protection des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles ou de genre. Salome a aussi établit le lien entre les dispositions de cette Convention et son efficacité pour la lutte contre les violences faites aux femmes migrantes.
Noura, membre CA du FFM et membre CA du ENoMW, est intervenu sur le contexte socio-culturel, les origines des violences faites aux femmes, à savoir les stéréotypes de genre, la façon dont ils influencent le droit et leur combat et leur élimination par le recours à la Convention d’Istanbul qui est un instrument juridique important et efficace nécessaire à être ratifier et à être appliquer par tous les États.
Layla, quant à elle, militante pour les droits des femmes et survivante des MGF, a raconté sa vie et son expérience dans son pays d’origine Gambie où elle a été mutilée et mariée forcément et où elle a subi plusieurs souffrances physiques et psychologiques. Ensuite, elle a raconté comment elle a fui son domicile et comment elle s’est engagée dans la lutte contre les MGF pour demander d’arrêter cette pratique et pour aider les filles victimes. Aujourd’hui, elle réside à Copenhague et elle a fondé une ONG pour aider les victimes de MGF et pour sensibiliser sur la nécessité de bannir cette pratique partout dans le monde.
Le deuxième atelier a été composé des intervenantes suivantes : Francesca Cantarella, Pia Deleuran et Mozhdeh Ghasemiyani et Benedicte Preuthun Mortensen.
Francesca, avocate en Italie et consultante juridique au Copenhague travaille sur l’identification des femmes victimes de traite et victimes de violences fondées sur le genre. Elle s’est intervenue sur cette question en présentant son travail dans ce domaine et les difficultés qu’elles confrontent. Elle a notamment mis l’accent sur le droit interne danois en matière de pénalisation de la traite des êtres humains suite à la ratification de la Convention de Palerme, elle a expliqué ce sujet en droit criminel danois et elle a mis la lumière sur les termes juridiques employés dans la définition de cette infraction et qui conduisent à des confusions et à rendre difficile la possibilité d’identifier les victimes et à limiter son application. Elle a alors parlé des lacunes juridiques et de la défaillance de la loi pénale danoise en la matière. Elle a aussi évoqué la pratique et, plus précisément, le comportement de la police danoise et la façon dont ils traitent les victimes. Enfin, elle a expliqué que la police arrête parfois les prostituées (sachant que la prostitution est légalisée au Danemark), elle les envoie au centre de lutte contre le trafic pour les identifier et savoir si elles sont des victimes de traite ou pas. Ensuite, si elles sont identifiées comme des victimes, elles sont renvoyées devant le ministère d’immigration et n’ont plus le droit de rester sur le territoire danois. De plus, si elles demandent l’asile, leur dossier est souvent rejeté.
Donc, l’État ne reconnait pas les prostituées comme victimes de violences, il incrimine la traite, mais il est difficile d’identifier les victimes, d’appliquer la loi et de les protéger.

Ensuite, Pia, aussi avocate au Danemark et elle travaille surtout sur les dossiers des femmes victimes de violences de manière générale et victimes de violences conjugales plus spécifiquement. Elle a expliqué que dans ce domaine, le droit et les juridictions sont ignorants au genre, c’est-à-dire, ils ne prennent pas en considération que les femmes sont les premières victimes de ces violences, abus et exploitations. Pour illustrer ce propos, elle présente quelques affaires sur lesquelles elle a travaillé et elle a expliqué les difficultés de la poursuite des affaires au niveau judiciaire. Ensuite, elle a évoqué le rapport élaboré par GREVIO (le groupe d’experts sur la lutte contre les violences faites aux femmes et la violence domestique qui évolue l’implémentation, le respect et l’application de la Convention d’Istanbul) sur le Danemark (qui a été élaboré le jour même) et elle a affirmé que, d’après les premières lignes, il est clair que le rapport ignore la réalité et ne présente pas les problèmes existant au Danemark sur le sujet des violences sur les femmes, ni sur les difficultés juridiques et pratiques. Enfin, sur le sujet des femmes migrantes, elle a évoqué aussi le problème des langues puisque la loi n’existe pas dans des langues différentes que le danois et les femmes ignorent alors leurs droits et la procédure juridique.

Mozhdeh, d’origine iranienne et migrante au Danemark, est une psychologue qui travaille avec les femmes traumatisées suite aux violences qu’elles ont subies. Elle a parlé des violences conjugales dont les femmes sont victimes, des souffrances et traumatismes suite à ces violences, des difficultés de prise de décision et de séparation de l’agresseur. Elle a aussi mis l’accent sur ces femmes victimes qui décident de retourner chez leurs maris agresseurs dans leurs pays d’origines parce qu’elles n’arrivent pas à régulariser leur situation juridique ou pour d’autres raisons. Elle a évoqué les difficultés qu’elles confrontent à tous les niveaux. Ensuite, elle a parlé de sa propre expérience en tant que réfugiée et fille qui vivait avec sa mère célibataire et ses cinq sœurs. Elle a raconté les difficultés et violences auxquelles elles étaient soumises et la crainte de la mère que ces filles soient abusées ou violées ou déshonorées…. Ensuite, elle a parlé de ce traumatisme des femmes victimes et de la nécessité d’une thérapie pour s’en sortir de cette situation.

Enfin, suite aux différentes interventions de la part des militantes et expertes sur les violences faites aux femmes, la dernière intervenante, Benedicte a clôturé en mettant l’accent sur la nécessité d’une autonomisation économique des femmes. Ainsi, elle a présenté son affaire qu’elle a fondé elle-même « Bike & Blooms company » pour l’empowerment des femmes. Elle a expliqué son parcours et comment elle a eu cette idée et elle a créé cette société de vente de fleurs sur des vélos. Elle a aussi expliqué l’intérêt de ce travail et les stages qu’elle offre aux migrantes, réfugiées et jeunes filles à temps partiel pour qu’elles puissent poursuivre leurs études. Son discours était inspirant, fort et motivant.

Enfin, cet événement a été clôturé par l’annonce de Nadia Bakhshi Award, par Mina Jaf et Catherine Mahoro (membres du CA du ENoMW), en expliquant la vie de cette femme migrante, son parcours, sa lutte, son combat, sa force et l’intérêt de cet award qui a pour but de rassembler des fonds pour les femmes migrantes présentes chez Melissa Network (ONG en Grèce qui travaille avec les femmes migrantes pour les aider à tous les niveaux, les accompagner, les soutenir…).