Compte rendu des activités auxquelles Noura RAAD, administratrice du FFM et board member du Réseau européen pour les femmes migrantes a participé

7-11 septembre: Participation à AGORA: Ecole pour les jeunes féministes (Lobby Européen des Femmes- EWL) - Bruxelles

Cette année, j'ai participé à l'agora jeune féministe 2017 à Bruxelles qui est organisée par EWL. 50 jeunes féministes étaient présentes, le thème était le renforcement du rôle des femmes et du leadership féministe. Plusieurs ateliers et activités ont été organisés pour comprendre l'évolution du féminisme en Europe et renforcer nos capacités et notre lutte. L'objectif était d'être toutes actives, de partager nos expériences, de parler de notre expertise, de notre activisme, d'apprendre à travailler ensemble, établir des liens, des stratégies et mettre en place des actions communes. le but est de réunir ces jeunes féministes à Bruxelles et de garder des contacts pour l'avenir.
Nous avons beaucoup appris, il y avait des femmes féministes engagées, militantes, ouvertes, qui croient en ce combat. les débats ont eu lieu sur des sujets très différents, notamment la participation à des ateliers sur la prostitution, les femmes migrantes, le féminisme en europe, les violences sexistes et sexuelles, etc.
Les discussions étaient intéressantes, nous avons partagé nos expériences, nos connaissances, nous avons parlé de stratégies et d'actions dans nos ONG et des défis. il y a eu des moments d'émotion, nous avons partagé les moments forts et difficiles aussi de notre lutte. Ce fut une expérience formidable à partager avec les jeunes féministes et pour tisser des liens.
Mais il y avait aussi des moments de doute, de confusion, de peur et de réflexion. Dans cette Agora, j'ai remarqué plusieurs critères qui divisent les féministes d'aujourd'hui. D'abord la question de la diversité, il n'y avait pas tellement de diversité et ce terme était parfois utilisé dans le sens de la division au lieu de la solidarité, de la richesse et de l'universalisme. Le terme "intersectionnalité" (qui veut dire discriminations multiples en tant que femmes et aussi suite à notre langue, couleur, race, religion, handicap, orientation sexuelle, etc.) était utilisée tout le temps, mais il me semblait qu'il n'était pas employé dans son sens et qu'il aidait à faire des féministes des groupes séparés au lieu de voir l'intersectionnalité comme un moyen de rassembler nos expériences et discriminations pour voir leur véritable origine et pour comprendre que notre but est commun: c'est la lutte contre le patriarcat. Ce terme est utilisé de manière à oublier notre but et conduit à la division du féminisme et au rejet de l'universalisme. Il aboutit à la formation de féministes noires, de féministes roms .... 
Enfin, ces problèmes de «diversité» et d '«intersectionnalité» ont conduit à des discussions intenses et fortes sur «noir» et «blanc» et à la division des féministes! C'était très dur et triste de voir de jeunes féministes qui partagent ce discours, alors que aujourd'hui la situation des femmes est horrible partout dans le monde et que nous avons besoin d'une solidarité.
Enfin, le dernier jour, je ne pouvais pas y assister parce que j'avais un vol très tôt. Mais tout le monde s'est rencontré, elles ont parlé de leur ambition et des actions communes pour l'avenir.
Cette expérience à agora m'a permis d'apprendre, de voir des choses qui étaient invisibles et incompréhensibles pour moi et de comprendre que la diversité doit être une richesse et nous avons besoin de plus de solidarité pour ne pas oublier notre objectif principal et pour combattre le patriarcat et la domination masculine!

11-15 septembre: Rencontre de Naples sur les femmes actrices du dialogue

KIMIYYA: la diversité des femmes dans la région Euro-Med.



Conférence sur "Les femmes actrices du dialogue" tenue à Naples du 11 au 15 septembre 2017, organisée par la Fondation Anna Lindh (ALF) et Fondazione Mediterraneo et les chefs de file des fondations, ONG, associations et réseaux de l'Euro-Méditerranée (membres de le la FAL)
Forum Femmes Méditerranée a participé et est intervenu sur deux sujets: - Esther Fouchier sur "Les voix des femmes"
-Noura Raad sur "les femmes migrantes et le Réseau européen pour les femmes migrantes (ENOMW)"
En résumé, j'ai présenté la migration comme un moyen de renforcement des inégalités entre les sexes et de soumission des femmes aux violences et discriminations. J'ai mentionné les femmes qui migrent pour étudier ou chercher un emploi, les femmes victimes de traite et enfin les réfugiées. J'ai mentionné les obstacles et les violences auxquelles elles sont confrontées suite à la domination des hommes, au patriarcat et aux stéréotypes de genre. J'ai donné plusieurs exemples pour illustrer ce phénomène de soumission et de violences. Puis j'ai parlé de la nécessité d'une solidarité féministe et de stratégies communes pour donner la parole à ces femmes, les sensibiliser, les aider et lutter contre les violences et l'inaction des gouvernements. J'ai parlé du réseau européen pour les femmes migrantes, de sa constitution, de la diversité de ce réseau, de son objectif, des valeurs partagées, de nos stratégies, de la solidarité entre les femmes migrantes, de notre rencontre à Athènes, de la solidarité avec les femmes réfugiées (activisme, commentaires sur les directives, etc., conférences, démonstrations, etc.)
Enfin, j'ai appelé à une solidarité entre et envers les femmes migrantes....
Un Prix de la Méditerranée pour les femmes a été décerné à Fouzia Assouli, Présidente de la Fondation des Femmes de l'Euro-Méditeranée et de la Fédération de la ligue Démocratique des Droits des Femmes (FLDDF), pour son militantisme, son engagement et sa lutte féministe pour les droits des femmes dans tous les domaines et les pays Euro-Méditerranéens.

3 octobre: consultation juridique et rencontre des experts à l'Institut Européen pour l'égalité des genre (EIGE)- Vilnius


Cette rencontre avait pour objectif de rassembler des experts des pays européens pour examiner la Directive du Parlement Européen 2011/36/UE du 5 avril 2011 sur la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes et, plus spécifiquement, d'un point de vue du genre donc ses conséquences sur les femmes victimes de traites qui sont forcées à se livrer à la prostitution ou aux mariages forcés. LE but de l'analyse de cette Directive était de voir si elle était efficace, les choses qui manquent, qui sont mal rédigées et ce qu'il faut ajouter pour éliminer ce phénomène et protéger les femmes victimes et prévenir sa réalisation. 

Nous avons mis l'accent sur la première conséquence du phénomène de traite qui est la prostitution et sur la nécessité d'une harmonisation entre les législations des pays européens pour abolir cet acte qui est une exploitation sexuelle des femmes et pour aider ces victimes et les accompagner et les assister. 

Il y avait 3 ateliers l'après-midi, j'ai participé à celui concernant l'accès à la justice pour les femmes victimes de traite et j'ai mis l'accent sur les limites et les obstacles dans les pays européens notamment lorsque la victime est une femme migrante et sur quelques stratégies qui doivent être adoptées par les acteurs aux sein de l'état. 

A la fin de cette réunion, des recommandation ont été élaborées pour faciliter la transposition de certaines dispositions de la Directive contre la traite des êtres humains, afin de soutenir les États membres dans la mise en œuvre des politiques de l'UE visant à combattre la violence sexiste/sexuelle dans toutes ses formes. Ces recommandations vont être harmonisées et finalisées par EIGE et vont ensuite être adressées aux gouvernements des Etats de l'UE